Pointe-à-Pitre, nouvelle capitale économique de Guadeloupe.

La soufrière rhum st severin chute du carbet domaine de Valombreuse Saint-François Pointe des Châteaux Les raisins clairs planche à voile
 
Carte de la Guadeloupe visitez Saint-François Notre première visite de Pointe-à-Pitre fût pour les halles. Telle une ruche fourmillant d'ouvrières, le marché montrait une activité débordante. Les couleurs vives des produits locaux protégés du soleil par des parasols multicolors attiraient notre regard. Les épices déversaient dans nos narines avides des senteurs exotiques. Les conversations des marchandes étaient empreintes de ces accents si particuliers où la langue créole cotoie la langue française dans un bruit assourdissant. Certaines vendeuses attiraient le chalant parées du costume traditionnel madras.
 
 
 
                 
                 
                 
                 

 

 

Quelques chiffres : Habitants : 435 000 en 1999 Une population jeune : 42 % de moins de 25 ans 118 000 élèves scolarisés Densité : 226 habitants par kilomètre carré 52 % de la population dans l'agglomération pointoise Pointe-à-Pitre : 26 000 habitants Les Abymes : 62 800 habitants Basse-Terre : 14 100 habitants Température moyenne annuelle : 25°C Décalage horaire : -4 GMT ; par rapport à la France : -5 heures en heure d'hiver française, -6 en heure d'été

Il fait bon vivre en Guadeloupe de décembre à mai : c'est le "carême", l'hiver tropical (nous sommes dans l'hémisphère nord). Le temps est doux (25-30 degrés), les nuits sont fraîches (15-20 degrés), il ne fait pas trop humide, pas de risque de cyclones, les alizés caressent les palmes des cocotiers... Un vrai bonheur.

Au mois de juin, jusqu'en novembre, les choses se gâtent. La saison humide, dite "cyclonique", commence. La chaleur grimpe, (30-35 degrés), l'humidité aussi, l'atmosphère est moite, souvent lourde, le temps plus instable. Les risques de cyclones sont réels, particulièrement dès septembre, et le bulletin météo primordial. Les télés diffusent les consignes à respecter au cas où un de ces monstres soufflant se pointerait ; dans les magasins, on trouve en tête de gondole le nécessaire pour se calfeutrer chez soi en cas d'alerte: gros scotch de déménageur, clous, marteau, serpillières, piles électriques, lampes torches, conserves... Ce n'est pas la psychose, mais six mois par an, on vit ici en sachant que c'est la nature qui commande, et qu'on n'y peut rien si elle apporte le chaos.

Cela explique peut-être un certain fatalisme guadeloupéen. L'année 1998 a été particulièrement chaude, et très agitée. La Guadeloupe a retenu son souffle en voyant arriver LE monstre, ze monster, le cyclone parfait, le cas d'école: Georges. Hugo de sinistre mémoire avait tout détruit en 1989, en balayant la Guadeloupe de plein fouet. Georges s'annonçait pire... Imaginez: des vents de 300 km/h, un tourbillon de plusieurs centaines de kilomètres, Georges arrivait du sud de l'Afrique où il est né, tambour battant, en plein dans l'axe de la Guadeloupe.

Vouloir définir le Guadeloupéen type n'aurait guère de sens, cela reviendrait à affirmer que tous les habitants des Etats-Unis (toutes proportions gardées !) peuvent se résumer en un portrait-robot. Absurde. En effet, la Guadeloupe est un joyeux mélange d'origines et de cultures, assez représentatif du reste du monde. Sans être un véritable melting-pot, dans la mesure où les différentes communautés ne se mélangent pas complètement, la Guadeloupe est absolument multi-ethnique, et pluriculturelle. Les Noirs sont majoritaires, originaires d'Afrique, issus de l'histoire tragique de l'esclavage. Outre cette population, on trouve les descendants des Indiens caraïbes, une importante communauté d'Indiens venus d'Inde au lendemain de l'abolition de l'esclavage (1848), des Libanais, des Syriens, des Chinois, souvent venus de Guyane où leur implantation est solide, des Haïtiens, des Italiens, des Blancs békés et Blancs "pays", descendants des colons, et bien sûr les "métros", les Français métropolitains venus de l'Hexagone, de la métropole. Au sein de cette population hétérogène, le brassage est très important: beaucoup d'Antillais vont vivre en France, beaucoup d'émigrants, essentiellement métropolitains, viennent vivre en Guadeloupe, et comme l'appel des racines est fort, les échanges avec l'Afrique, l'Inde, les pays de la Caraïbe, sont nombreux. D'où un sentiment d'appartenance mitigé: la Guadeloupe est une terre de déracinés qui se sentent français mais aussi, au moins autant, africain, caribéen, indien, chinois, brésilien... Ainsi, lors de la finale de la coupe du monde de foot 1998 France-Brésil, les supporters du Brésil étaient très nombreux, y compris au sein des fêtards que l'on pouvait rencontrer en boîte et dans les rues le soir de la victoire de la France. Du reste, si la fête était partout cette nuit-là en France, c'était ville morte dans bien des communes en Guadeloupe. Cet exemple est très significatif, et difficile à comprendre lorsqu'on n'a pas en tête le contexte complexe de ces Antilles certes françaises, mais tellement métissées. Ce sont là toutes les ambiguïtés de la créolité, et beaucoup d'Antillais sont en quête de leur propre identité. Reste que le mélange des genres se passe plutôt bien en Guadeloupe. Les communautés coexistent dans une tolérance partagée, chacun peut s'intégrer dans cette société à condition de n'avoir pas de préjugés et de comprendre ce que mélange des cultures veut dire. Ce n'est pas le cas de tout le monde. Mieux vaut avoir l'esprit ouvert pour y parvenir. Racistes, restez chez vous. J'ai souvent entendu dire que sur cette île, le racisme existait, notamment celui des Noirs envers les Blancs. Je persiste à penser qu'il ne s'agit pas de racisme pur et dur, basé sur la couleur de la peau, mais d'un vrai fossé culturel, d'une incompréhension mutuelle liée à des origines très différentes. Les Noirs sont souvent méfiants envers les métros, qui eux-mêmes sont souvent arrogants, de même que les békés, les descendants des riches propriétaires terriens. Mais pour faire tomber bien des barrières, il existe une solution universelle et imparable: la courtoisie et le respect mutuel. Ces règles-là sont fondamentales aux Antilles particulièrement, car les Antillais sont généralement très fiers voire susceptibles. Mais s'ils se sentent respectés, alors ils changent d'emblée, laissent tomber le masque fermé, et ils s'avèrent alors très chaleureux et généreux. En résumé, les Guadeloupéens ne sont pas toujours d'un abord facile, mais ils donnent aussi de vraies leçons de gentillesse. Dernière chose: les hommes sont très dragueurs, voire entreprenants. Un refus courtois mais ferme, et cela ne va pas plus loin, mais attendez-vous, si vous êtes une femme, à être très souvent sollicitée ! Venir aux Antilles pour s'y installer, fuir le stress, la grisaille, le métro, le froid, les embouteillages, habiter au bord de la mer, passer son temps à la plage et arrêter de bosser comme un âne, c'est un fantasme très répandu. Qui n'en a pas rêvé un jour, ne serait-ce que furtivement ? Or, comme tous les fantasmes, celui-ci peut s'avérer très décevant voire cuisant comme le coup de soleil et l'échec, lors du passage à l'acte. Les gens qui se plantent en partant aux Antilles sans réfléchir ni se renseigner assez, c'est courant. Ici, le stress, les embouteillages, le boulot de fou, ça existe bel et bien, avec la chaleur, l'humidité (voir Le temps ) et les moustiques en plus. Sachez que si vous venez vivre en Guadeloupe, vous allez découvrir le revers de ce petit paradis, un côté obscur que l'on ne perçoit pas en venant une semaine ou deux en vacances. Attention aux clichés... Dans ce pays où le taux de chômage atteint 23 % de la population, le climat social n'est pas des plus sereins. Des grèves paralysent régulièrement divers secteurs d'activité. En septembre 1998, la chasse à l'essence est devenu un sport très largement répandu, suite à la grève totale de toutes les stations-service de l'île pendant 10 jours. Les dockers de Pointe-à-Pitre ont aussi gravement perturbé l'économie de l'île par leurs mouvements sociaux : la plupart des marchandises partent et arrivent ici par conteneurs. Lorsque le trafic cesse, les entreprises en souffrent. Et bien des familles débarquées en été 1998 ont dû attendre des semaines l'arrivée de leurs meubles et de leurs affaires... Corollaire du chômage, la délinquance est importante. L'île est bien placée à mi-chemin entre les Etats-Unis et l'Amérique du Sud. Les dealers l'ont bien compris, et la drogue fait des dégâts. Le crack, en particulier, est un véritable fléau localisé dans certains quartiers. La Guadeloupe est un pays violent, de plus en plus, malheureusement : meurtres, agressions, accidents de la route (les conducteurs aiment la vitesse et ont un comportement tout à fait imprévisible au volant). Les cas de sida 2,5 fois plus nombreux qu'en France métropolitaine. Tous ces stigmates contribuent à rapprocher la Guadeloupe des sociétés telles qu'elles existent dans un tiers-monde à quelques heures d'avion. Mais attention aux comparaisons abusives : heureusement, la Guadeloupe ce n'est pas la Jamaïque ou Haïti. Si vous êtes métropolitain et que votre entreprise vous propose un poste en Guadeloupe, ne vous attendez pas au bon plan glandouille sous les cocotiers : vous travaillerez au moins autant qu'en France. Vous serez trés souvent amenés à collaborer avec des gens peu qualifiés, d'une culture tout à fait différente de la vôtre (voir Les gens ), qui ne sont pas des bourreaux de travail. L'inconscient collectif reste marqué par l'esclavage et cela ne facilite pas le rapport au travail, même si invoquer ce passé douloureux pour tout expliquer serait une erreur. Du fait de l'isolement géographique de l'île, beaucoup de personnes n'ont pas eu la chance de pouvoir faire des études et ont appris leur métier sur le tas. Pour le meilleur et pour le pire. Mais les jeunes sont de plus en plus diplômés, les formations se développent sur place. Et les métropolitains qui arrivent en Guadeloupe ne sont pas toujours les plus compétents. Une précision importante: la vie est chère ici, compter 30 % de plus qu'en France. Or le statut avantageux d'expatrié n'est pas forcément accordé car ici, c'est la France, administrativement. Pour sortir et vous changer les idées, les possibilités ne sont pas légions. Le Gosier, la marina de Pointe-à-Pitre sont un peu animés le soir, quelques endroits à Basse-Terre aussi ; ailleurs, c'est le désert. Les Antillais ne vivent pas comme les Méditerranéens: ils se couchent très tôt le soir et de lèvent très tôt le matin. Du reste, la nuit tombe tôt ici, à 17 h 00 en hiver, 19 h 00 en été : ne vous attendez donc pas à passer vos soirées sur la plage, d'autant qu'elles sont désertes et peu recommandées le soir. Cinéphiles , sachez que les quelques salles de l'île passent en grande majorité des films américains grand public, de préférence les grosses productions spectaculaires, peu de films français, pas de films "d'auteur". Et avec six mois de retard... Par exemple, le film de Resnais "On connaît la chanson" est passé un soir en Guadeloupe, malgré la pluie de césars qu'il a reçue en 1998. Idem pour le "Marius et Jeannette" de Guédiguian. En revanche, "Godzilla" est resté au moins deux semaines à l'affiche. Reste la télé : quelques films sur la Une, RFO et Tempo. Canal + Antilles, Canal Sat Antilles et le câble sont adaptés au goût antillais : un peu à l'image des programmes du ciné ! Et les livres : on en trouve beaucoup, heureusement, et il est possible de commander. La littérature créole gagne à être connue (voir la bibliographie). Autrement dit pour venir vivre ici, il faut se préparer à changer ses habitudes et faire en sorte que le salaire suive, moyennant quoi tout se passera le mieux du monde. Sans être parano, il faut bien préparer son coup et prendre en compte le facteur éloignement : à 7500 km de chez soit, de ses amis et de sa famille, le mieux est de se faire l'idée la plus concrète possible de l'endroit où l'on met les pieds avant de foncer. Et de ne pas préjuger de ses forces. La Guadeloupe pour les vacances, c'est le paradis. Soleil (voir Le temps), paysages tropicaux, mers chaudes et limpides, sports de plein air, je vous renvoie à vos guides de voyages préférés, ils sont faits pour ça. Et comme la nonchalance est une spécialité locale, mieux vaut ne pas être pressé pour l'apprécier. Ce qu'il ne faut pas faire : évitez, de grâce, la grossièreté du "touriste de masse", touriste à la masse, qui peut se résumer en un portrait-robot hélas très répandu. Chemise à fleurs, short informe sur une bedaine bien formée, recouvrent très partiellement une peau cramoisie par les coups de soleil. Le touriste de masse est laid, il se croit tout permis parce qu'il n'est pas chez lui, il ne connaît rien de la culture locale et méprise volontiers l'autochtone (voir Les Guadeloupéens). Entendue à Pointe-à-Pitre, rue Frébault, un samedi matin, cette apostrophe d'un rasta local à l'adresse de deux touristes abrutis : "Vous avez faits 8000 km pour venir vous foutre de moi ?" Il avait malheureusement raison. Evitez aussi le séjour autiste: plage pendant huit ou quinze jours et retour à la maison. Vous aurez certes eu le soleil, mais vous n'imaginez pas tout ce que vous aurez perdu en passant à côté. La Guadeloupe, ce n'est pas que la plage, pas que le Club Med, et pas que la Grande-Terre. Etonnant, non ? Le super-pied pour les vacances (ouarf ouarf !)